
Le stage professionnel de Nathan Dupuis
6 mois à l'étranger
mis à jour le 7 mai 2025
ESTRI - School for international careers
Après des études en relations internationales et sciences politiques, Nathan Dupuis a intégré le parcours Bac+5 Communication Internationale "afin d’ajouter une dimension plus opérationnelle et professionnelle" à son profil, "notamment dans la communication des institutions, la médiation interculturelle ou les relations internationales appliquées".
Dans le cadre de son stage professionnel de 4ème année, Nathan occupe actuellement un poste de stagiaire en communication au Vatican, où il vit de près les événements liés à la disparition du Pape François, survenue lundi 21 avril dernier.
Le témoignage de Nathan, en stage au Vatican
« Je réalise actuellement mon stage de six mois au sein du Centro Internazionale Giovanile San Lorenzo, situé au cœur de la Cité du Vatican et placé sous l’autorité directe du Saint-Siège. J’y occupe le poste de responsable adjoint de la communication, tout en assurant également l’accueil des touristes et des nombreux groupes étrangers venus célébrer des messes dites “privées”. Mon rôle s’exerce dans un environnement multilingue – en français, italien, anglais, espagnol, allemand et portugais – et s’inscrit dans un contexte particulièrement exceptionnel : celui de l’année jubilaire 2025, "Giubileo della Speranza", marquée par le décès du pape François, la tenue du Conclave et la nomination d’un nouveau souverain pontife, événement inédit depuis 1775. »
« Cela m’a permis de vivre un moment à la fois historique et profondément humain depuis l’intérieur d’une structure vaticane. » – Nathan Dupuis
Crédit photo : Nathan Dupuis

Qu’est-ce que le Centro Internazionale Giovanile San Lorenzo ?
« Situé à deux pas de la place Saint-Pierre de Rome, le Centro Internazionale Giovanile San Lorenzo a été fondé en mars 1983 par Saint Jean-Paul II, en même temps que la création des premières Journées Mondiales de la Jeunesse. Dès l’origine, le Centre a été pensé comme un lieu d’accueil ouvert à la jeunesse du monde entier. Mais l’intuition du Saint-Père allait bien au-delà : il voulait que ce lieu ne soit pas uniquement réservé aux jeunes catholiques, mais qu’il soit véritablement ouvert à tous, quelle que soit la religion, l’origine ou la culture. Le Centre porte ainsi une vocation profondément universelle, centrée sur l’accueil, l’écoute et le dialogue.
Le CSL a toutefois vu évoluer ses activités au fil des années : aujourd’hui, une part importante de notre activité est consacrée à l’accueil de fidèles venus célébrer des messes dites "privées" dans l’église médiévale de San Lorenzo in Piscibus. Le Centre propose également la location de salles pour l’organisation d’événements, le plus souvent à caractère religieux (cours de catéchisme, conférences, présentations d’ouvrages spirituels, etc.).
Le Centre accueille également, de manière plus ponctuelle, des personnalités ecclésiastiques de haut rang : cardinaux, archevêques, évêques, et parfois même, dans le passé, le Pape lui-même. La dernière visite d’un Souverain Pontife remonte à Benoît XVI, il y a une quinzaine d’années. En mars dernier, nous avons eu l’honneur de recevoir les évêques de Saint-Étienne et de Lourdes, ou bien encore les archevêques de Toulouse et d'Avignon au mois de mai par exemple.
Enfin, à l’approche du Jubilé 2025, le Centre connaît une fréquentation particulièrement dynamique : nous aurons accueilli, à cette occasion, près de 9 000 pèlerins, représentant une trentaine de nationalités et 19 langues différentes, dont plus de 6 000 jeunes venus du monde entier — sans compter les milliers de touristes qui franchissent les portes du Centre chaque mois. »
Quelles sont tes principales missions au sein de cette organisation ? A quoi ressemble une journée type ?
« Il est difficile de décrire une journée type avant le décès du Saint-Père car les activités varient en fonction des jours et de la fréquentation du Centre. Je peux néanmoins dégager plusieurs missions :
• La gestion des projets de communication : je suis notamment en charge de la refonte complète de notre site internet. L’objectif est double : faciliter les démarches de réservation et renforcer la visibilité du Centre auprès d’un public international. Nous travaillons aussi sur la stratégie de communication en vue de grands événements. Par exemple, je suis actuellement impliqué dans la préparation du Jubilé des Jeunes, qui se tiendra du 28 juillet au 3 août. Cela implique la création de nouveaux supports, l’organisation logistique, et la mise en valeur de cet événement sur nos plateformes.
• L'accueil de groupes pour des messes privées, de touristes ou de pèlerins de passage : réception, présentation de l’histoire et les missions du Centre, réalisation de reportages photo pour alimenter nos réseaux sociaux, notamment Instagram.
• Des missions administratives : traitement des demandes de messes, gestion des courriels et des appels, et organisation du planning des célébrations. Ce travail demande rigueur et réactivité, car l’emploi du temps est souvent très chargé.
• Enfin, le Centre accueille ponctuellement des médias. En mars dernier, nous avons reçu le grand hebdomadaire brésilien Veja, basé à São Paulo, qui a consacré trois articles à notre structure, comprenant notamment deux interviews et un reportage. Ce type de collaboration contribue fortement à faire rayonner le Centre au-delà des frontières italiennes. »
Quelles répercussions la disparition du Pape François a-t-elle eu sur ton quotidien professionnel ?
« J’ai appris le décès du Saint-Père comme beaucoup de monde, par les médias traditionnels. Ma responsable m’a appelé presque immédiatement pour me communiquer les consignes d’organisation pour les jours suivants. Dès le lendemain, le Centre a fermé ses portes, conformément aux directives du Vatican, qui exigeait la fermeture temporaire de tous les établissements relevant de son autorité, à l’exception des basiliques majeures. Ce moment a marqué un basculement dans notre quotidien, mais il a aussi fait naître une mobilisation rapide pour adapter nos activités et anticiper l’afflux de visiteurs et de fidèles. Cela m’a permis de vivre un moment à la fois historique et profondément humain depuis l’intérieur d’une structure vaticane.
La semaine qui a suivi le décès du Saint-Père a été marquée par une forte affluence. Nous avons enregistré un nombre important de demandes de messes privées, et accueilli de nombreux touristes qui, pour beaucoup, découvraient le Centre pour la première fois. Paradoxalement, cette période de deuil a été synonyme d'une activité accrue pour nous. En revanche, toutes les activités du Dicastère qui nous supervise ont été suspendues durant cette période. Malgré ce moment d’incertitude institutionnelle, je dirais que cela n’a pas véritablement affecté le fonctionnement du Centre. Au contraire, ce contexte a renforcé sa visibilité. »
Dans ce contexte, comment as-tu dû ajuster ton approche en matière de communication ou de relations internationales ?
« J’ai été directement impliqué dans la communication externe du Centre, notamment à travers la gestion de nos réseaux sociaux, la production de contenus visuels pour relayer nos activités, et plus récemment, la coordination de la refonte de notre site internet. Ces outils ont joué un rôle essentiel dans le contexte des événements récents, notamment après le décès du Saint Père, où il a fallu à la fois informer rapidement, faire preuve de retenue et préserver la dimension spirituelle du moment.
Ce contexte m’a clairement amené à ajuster mon approche en matière de communication : il a fallu être plus réactif, mais aussi plus prudent, dans un environnement très sensible où chaque mot ou image peut avoir un poids symbolique fort. J’ai appris à adapter notre ton, à privilégier la sobriété dans les publications, à faire preuve de diplomatie dans les échanges, notamment avec des interlocuteurs internationaux, parfois peu familiers avec la structure du Saint-Siège. Cette expérience m’a permis de développer une véritable sensibilité interculturelle, essentielle dans un lieu qui accueille des pèlerins venus du monde entier. »
Que retiens-tu de cette expérience ? En quoi penses-tu que ce stage va enrichir ton parcours académique et professionnel ?
« Ce stage a été une expérience extrêmement formatrice, à la fois sur le plan personnel, académique et professionnel. J’en retiens d’abord une véritable immersion dans un environnement international, interculturel et profondément symbolique, qui m’a permis de développer des compétences concrètes en communication institutionnelle dans un cadre unique : celui du Saint-Siège.
J’ai appris à m’adapter à des situations imprévues, comme le décès du Saint Père, qui ont nécessité à la fois réactivité, sens de l’organisation et prudence dans la communication. J’ai également acquis une meilleure maîtrise des outils de communication digitale, tout en développant une réflexion stratégique sur le positionnement d’un centre à la fois spirituel, culturel et touristique. Sur le plan académique, ce stage nourrit ma compréhension des relations internationales à travers la dimension des institutions religieuses et diplomatiques. Sur le plan professionnel, il a renforcé mon intérêt pour les métiers de la communication publique, notamment dans les contextes internationaux ou multilingues, et m’a permis d’enrichir mon profil avec une expérience à forte valeur humaine et symbolique. »
Selon toi, quels sont les atouts du Bac+5 en Communication Internationale et Interculturelle ?
« Selon moi, le parcours Bac+5 en Communication Interculturelle et Internationale de l’ESTRI se distingue par plusieurs valeurs ajoutées importantes. Tout d’abord, il offre une solide formation en communication interculturelle, ce qui est essentiel dans un monde de plus en plus globalisé. Ensuite, l’aspect professionnalisant du cursus, avec des stages en entreprise et des projets concrets, permet d’acquérir une véritable expérience de terrain. Enfin, l’ouverture internationale, notamment à travers les échanges universitaires et l’apprentissage approfondi de plusieurs langues, constitue un atout majeur pour évoluer dans des environnements multiculturels. »
Crédit photos : Nathan Dupuis
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